L’Etape du tour 2017 (3/3) : Une aventure exceptionnelle.

L’Etape du tour, 16 juillet 2017 : Briançon – Col de l’Izoard

Voici la dernière partie sur ma participation à l’Etape du tour 2017 : le récit de la course. Si jamais tu n’as pas lu les deux premiers articles concernant l’EDT, je t’invite à les parcourir. Je détaille dans ces derniers l’état d’esprit avec lequel j’ai abordé cette compétition et les paramètres que j’ai travaillé lors de ma préparation pour mettre toutes les chances de mon côté afin de devenir finisher !

Vendredi 14 juillet (J-2) : Départ pour Briançon

Départ de notre Savoie natale à 4 (David, Manu, Hervé et moi) en début d’après-midi pour rejoindre Briançon. Nous avions loué un camping-car car les réservations du côté de la ville de départ étaient parties comme du petit pain dès les inscriptions ouvertes. Plus aucun gîte/chambres d’hôte/Airbnb disponibles à Briançon et aux alentours. Le camping-car était donc la solution la plus adéquate. En arrivant, nous nous sommes d’abord rendu compte que la seule aire gratuite destinée au stationnement de ce type de véhicule n’était pas disponible (située à côté du village départ) et les coins « sauvages » pour s’installer à proximité de la future ligne de départ avaient déjà été pris d’assaut… Notre choix s’est donc arrêté sur un camping à 15min à pied du village départ et par chance, il restait de la place pour nous ! Et franchement, nous n’avons pas regretté cela. Car rester 3 jours dans le camping-car au bord d’une route… c’était moyen pour se détendre avant la course et l’aborder de manière sereine. Niveau confort, ça nous a permis d’utiliser toutes les commodités du camping et surtout de bénéficier du bar / resto ! Elément très important voire primordial pour alimenter l’organisme de quelques bières avant la course. Une fois installé et l’électricité branchée, nous sommes allés nous dégourdir les jambes sur le village départ et faire le tour des stands des différentes marques. Il y’avait de quoi faire et mieux vaut avoir la carte bancaire bien accrochée pour résister ! Nous avons également profité de ce moment pour retirer notre dossard !

Une musette nous est donnée lors du retrait de celui-ci avec à l’intérieur la plaque de cadre à accrocher sur le vélo, le dossard à épingler sur le maillot et quelques « cadeaux » des sponsors. Le mot « cadeau » est d’ailleurs un peu exagéré car franchement lorsque l’on paye 100 € une inscription, on s’attend à autre chose qu’une petite pochette Rapha, un multitool et une crème. De ce côté-là, au vu du tarif de la course, je trouve cela très léger mais passons… nous n’étions pas là pour les cadeaux dans tous les cas. Dossard retiré, village du tour visité, nous rentrons tranquillement au camping savourer une mousse (ou deux) en terrasse. Nous admirons en rentrant le coucher de soleil sur les montagnes. C’était la première fois que je venais ici et le cadre dans lequel se situe Briançon est vraiment somptueux. Plus haute ville d’Europe perchée à 1326m d’altitude,

Briançon a tout d’un petit coin de paradis pour ceux qui aiment l’outdoor et la montagne. Cette ville bénéficie notamment d’un taux d’ensoleillement exceptionnelle tout au long de l’année.

Samedi 15 juillet 2017 (J-1) : la pression monte !

Réveil assez matinal. La nuit fut longue et nous avons eu froid. Et oui, le sommeil est légèrement différent lorsque l’on dort à 4 dans un camping-car que dans un lit 2 places chez soi. Nous filons alors tranquillement sur le village départ pour faire réviser (gratuitement) notre vélo sur le stand Mavic. Une fois nos deux roues passés entre les mains des mécaniciens, nous partons faire un petit tour histoire de tourner les jambes, repérer la zone de départ et se mettre un peu dans le bain car le lendemain à cette heure là, nous serons au milieu des 15 000 autres coureurs et nous nous dirigerons tous dans la même direction et avec le même objectif : arriver au sommet de l’Izoard. La préparation mentale commence et on se met peu à peu dans la course. Chacun vague à ses occupations durant l’après-midi, entre piscine, shopping et sieste…

Vient ensuite la fin d’après-midi où nous accrochons nos plaques de cadres et dossards et où nous commençons à réfléchir à une stratégie pour partir tous les quatre ensemble. Le nombre de coureurs étant important, le départ se fait par vagues à intervalles réguliers. Les élites partiront dans le sas 0 aux alentours de 7h30 et ensuite toutes les 5-10min, un nouveau groupe de coureurs s’élancera. Nombre total de sas : 15 ! Cette EDT 2017 étant notre première participation avec Manu, nous nous situons dans le sas 14 avec un  départ programmé assez tard à 8h45. La désignation des sas est effectuée en fonction du nombre de participations aux Etapes du tour et du classement obtenu à ces dernières. Nos deux amis, Hervé et David, ayant déjà participé à la précédente EDT, partiront eux du sas 8. L’idée étant de s’élancer en même temps pour faire course commune, il nous faudra trouver un moyen demain matin de les rejoindre en sautant une barrière !

0 – 60 km : Briançon – Savine-le-lac : Descente de la vallée de la Durance

Le départ est lancé, nous partons 20min environ après David et Hervé. L’objectif étant alors de rouler tous les deux et d’essayer de se regrouper à 4 plus tard dans la journée pour attaquer les deux grosses difficultés. Les premières sensations sont bonnes et ça fait vraiment du bien de rouler après la longue attente dans le sas. La course que nous préparons depuis de nombreuses semaines est enfin là, et il ne reste plus qu’à prendre le maximum de plaisir et de vivre le moment présent. Etant peu puissant, je ne roule pas très rapidement sur le plat contrairement à Manu, il se force donc à m’attendre et je lui dis que c’est un mal pour un bien car cela nous permet d’en garder sous la pédale, la course est extrêmement longue et la bonne gestion de l’effort est LA clé pour arriver au bout. Il est vrai que c’est assez déstabilisant de se faire autant doubler sur les portions de plat.

Ça avance à des vitesses folles et l’on reconnaît immédiatement les « rouleurs de plaine » qui avance au train en se passant les relais. En voyant ces nombreux coureurs roulant à des vitesses si élevées alors que nous n’avons pas encore fait 50km, je me dis qu’ils ont oublié quelque chose en partant : cette chose s’appelle « gestion de course ».

La plupart des mecs nous doublant sont en réalité en surrégime et beaucoup ne verrons probablement pas le sommet de l’Izoard en maintenant un rythme aussi élevé… l’avenir me donnera raison : plus de 4000 abandons !

Les bornes passent rapidement et nous voilà déjà au premier ravitoon s’arrête bien 5min pour manger et remplir nos bidons puis repartons. On prend beaucoup de plaisir et on gère parfaitement notre effort sans se prendre la tête. Cette première partie jusqu’à Savine-le-lac (km 60) est caractérisée par de longs faux plats descendants, des portions roulantes et quelques petites bosses qu’il convient de négocier avec intelligence en ne tirant pas un trop gros braquet. (800 D+ au total sur cette portion tout de même)

60 km – 100 km : Première difficultée et chaleur

Le soleil commence à taper et voilà la côte des demoiselles coiffées, première difficulté répertoriée. Environ 6km avec une première partie assez raide avec de jolis pourcentages puis une seconde partie en faux plat montant. Rien de difficile et nous la franchissons sans aucuns soucis et avec intelligence, là où déjà des coureurs commencent à caler…

La descente est parfaite, peu technique, la route agréable et nous profitons de la vue magnifique en longeant le bord du lac de Serre-Ponçon. Quel plaisir de rouler dans de telles conditions, sans voiture, avec une météo parfaite et un cadre grandiose

Un long faux plat descendant nous amène jusqu’au bout du lac. Nous franchissons alors le pont de l’Ubaye (km 77) et à partir de ce point débute une portion de 45km et 1000 D+ de long faux plat montant qui nous mènera au pied du col de Vars. Le soleil commence à se faire ressentir et la chaleur attendue est donc bien présente. Je suis habitué à rouler dans ces conditions, d’autres visiblement moins. C’était d’ailleurs l’un des paramètres que j’avais pris en compte lors de ma préparation : l’adaptation à la chaleur.

Pour gérer au mieux ce paramètre, l’idée est de ne pas hésiter à s’arrêter quelques secondes lorsque l’on rencontre une fontaine afin de se tremper la tête et la nuque. Quand il fait chaud comme ça, il faut à tout prix s’hydrater en conséquence et dès que l’occasion se présente se mouiller aux endroits « stratégiques ». Ce que nous faisons à deux reprises. Nous perdons peut être quelques minutes à s’arrêter mais cela fait réellement du bien et permet de repartir « frais ».

Nous atteignons le ravito du km 100, toujours en pleine forme. Je regarde mon portable et lis le texto d’Hervé, ils ont toujours le même écart voire plus qu’au début mais décident de nous attendre en haut du col de Vars. Nous avons hâte de les retrouver !

Le col de Vars : une fournaise

Nous repartons donc à l’assaut du col de Vars en continuant ce long faux plat montant débuté au bout du lac de Serre-Ponçon. Le pied de la montée officielle se situe au km 126 à 1600m d’altitude. Les premiers pourcentages sont fatals pour bon nombre de coureurs et en voyant l’état physique de certains je me dis que je n’aimerai pas être à leur place.

Les gens marchent, s’allongent sur le bas côté parfois, cherchent l’ombre… incroyable de constater toutes ces défaillances mais finalement pas étonnant au vu du rythme rapide maintenu lors des premiers 80km.

Bizarrement je n’ai pas gardé énormément de souvenirs de l’ascension de ce col de Vars d’une longueur d’environ 9km avec des pourcentages constants (aux alentours de 8%). Sa principale particularité réside dans la vue dégagée que l’on a lors des derniers kilomètres. On aperçoit à cette occasion la file de coureurs au dessus de nous et on discerne le sommet… ce qui peut être assez décourageant si on est au bout du rouleau mais plutôt motivant si l’on se sent bien. Sans être frais nous passons le col de Vars sans trop d’encombres, même s’il faut avouer que c’est un sacré morceau tout de même avec de belles rampes par endroit ! J’ai été régulier dans cette difficulté en maîtrisant mon allure, comme à mon habitude, sans me mettre dans le rouge.

Nous retrouvons alors David et Hervé au sommet. Quel plaisir de les revoir ! C’est assez incroyable comme retrouver les gens que vous appréciez peut vous booster pour la suite.

J’avais la sensation en les revoyant que désormais plus rien ne pouvait nous arriver ! L’union fait la force, nous voilà plus soudé que jamais. Lorsque nous nous retrouvons tous les quatre à discuter et à rouler ensemble, la participation à cette épreuve prend tout son sens. Dans ces moments là, il faut profiter et savourer l’instant présent. Nous refaisons très vite le début de course, nous nous ravitaillons et attaquons la longue mais magnifique descente jusqu’à Guillestre. Une descente « autoroute » jusqu’au km 150 sans difficulté majeure, où l’on se fait énormément plaisir !

Nous arrivons à Guillestre et nous arrêtons au ravito, le dernier de la course avant d’entamer encore un faux plat montant de 15km qui nous mènera au pied du col de l’Izoard. Cette portion est encore magnifique, dans des gorges avec quelques secteurs ombragés où nous discutons et rigolons. Nous roulons alors sur un rythme tranquille, le tout dans la bonne humeur.

Le col de l’Izoard : l’apothéose 

Nous atteignons ensuite assez rapidement le pied du col de l’Izoard où chacun partira à son rythme. Sa première partie jusqu’au village d’Arvieux présente des pourcentages moyens qui passent plutôt bien. Il y’a ensuite une longue ligne droite de quasiment 1km à 10% au lieu dit « Brunissard », hameau d’Arvieux, qui m’a fait terriblement mal aux jambes. A cet endroit précis je ressens le premier coup de moins bien de ma course. Il ne reste plus beaucoup de kilomètres et je sens que le sucre commence à me manquer.

Je roule à ce moment là avec Hervé et cela m’aide à tenir bon. Les jambes commencent à faiblir mais le mental est plus que jamais là ! Une fois passé Brunissard, nous entrons dans la portion de forêt où nous constatons le nombre encore important de défaillances.

Beaucoup de coureurs marchent à côté du vélo et de nombreuses personnes sont mêmes allongées dans les fossés. L’ambulance klaxonne pour apporter de l’aide et nous devons faire l’effort de nous serrer à droite pour la laisser passer.

Cette section de forêt d’environ 4km à 9% de moyenne est pénible et finalement assez peu ombragée. Il y’a pas mal de lacets qui nous permettent tout de même de relancer en se mettant en danseuse.

Nous apercevons alors la « Casse déserte » (2200m), lieu mythique du col de l’Izoard. Cette partie du col est en réalité descendante et se situe juste en dessous du sommet. A ce niveau là, nous savons que la course est quasiment terminée et il ne reste plus qu’à savourer et profiter de ce paysage grandiose que nous traversons.

La « Casse déserte » est constituée d’éboulis et d’aiguilles calcaires d’une couleur ocre qui rendent ce lieu lunaire et inhospitalier mais ô combien sublime. Ce site est d’ailleurs protégé car classé aux monuments et sites naturels des Hautes-Alpes.

Cet instant magnifique terminé, nous retournons brutalement dans de forts pourcentages avant d’atteindre 2km plus loin le sommet du col de l’Izoard. Bien que la fatigue se soit installée, ces dernières centaines de mètres me paraissent simples et j’ai l’impression d’être dans un état second.

Photo : A.S.O / @WORLD – A.VIALATTE

J’atteins alors la ligne d’arrivée et pose le pied au sol, une bénévole me donne un bracelet « finisher » qui me permettra d’obtenir ma médaille une fois redescendu à Briançon. On me demande d’évacuer la route pour laisser de la place aux coureurs qui arrivent.

Je réalise à cet instant précis que c’est terminé. La première chose qui me vient alors à l’esprit c’est le sentiment de fierté et celui du devoir accompli.

Un an après l’achat de mon premier vélo de route je deviens finisher de cette belle mais difficile Etape du tour 2017. J’ai profité et pris du plaisir du début à la fin, même lorsque les jambes avaient du mal.

Nous nous retrouvons alors tous les quatre au sommet, l’émotion est intense. Nous nous serrons dans les bras, plus vivants que jamais. Fiers que chacun d’entre nous soit arrivé au bout et heureux de partager cela ensemble. Seul l’effort et le sport peuvent procurer ce genre de sensations qui nous marquent au plus profond de nous même. Ma première cyclosportive était une magnifique aventure humaine et le fait de la partager et de la vivre à plusieurs la rendu encore plus belle.

Avec un peu de recul et en analysant ma course, je me rends compte que j’ai complètement rempli mon objectif initial qui était de prendre le maximum de plaisir et de tout simplement terminer cette Etape du tour 2017 dans les meilleures dispositions possibles. Une préparation adaptée et intelligente ainsi qu’une bonne gestion de l’effort le Jour J auront été les clés pour vivre une expérience positive et profiter de l’instant présent durant cette compétition.

Sans expérience dans les cyclosportives et plus largement dans le domaine du cyclisme, je termine cette Etape du tour, couru sans pression et sans objectif chronométrique 6382 ème / 10 612 finishers et 2226 ème / 10 854 au classement meilleur grimpeur.

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