Récit Ventoux Man 2020 : des conditions dantesques pour mon premier triathlon

Imagine toi attendre durant 2 h sous une pluie battante puis partir sur le vélo complètement trempé, frigorifié… cette première expérience en triathlon a été épique. Couru dans des conditions dantesques, je me souviendrai longtemps de ce Ventoux Man 2020. Je te partage mon récit de course, mon retour d’expérience et mes chronos (en fin d’article) !

Débuter le triathlon par le Ventoux Man, est-ce bien raisonnable ?

ventoux man 2020 récit

Commencer le triathlon par le Ventoux Man peut paraitre fou à première vue. En réalité, plusieurs raisons m’ont motivé à choisir cette course.

L’envie de découvrir une nouvelle discipline

Chaque année je m’inscris sur des trails et des cyclosportives. J’adore cela mais en 2020 j’avais envie de nouveauté, d’un nouveau challenge, de partir de zéro dans une discipline et de sortir de ma zone de confort. L’envie de découvrir un nouveau sport comme la natation était également forte. L’inscription en club de natation en septembre 2019 a été le déclic et je me suis inscrit au Ventoux Man dans la foulée. J’avais besoin d’un challenge excitant qui allait m’obliger à me préparer autrement, à explorer de nouveaux entrainements et à repousser mes limites.

Du plaisir sur de la moyenne distance

Ne prenant que peu de plaisir sur des courses de courte distance, il me fallait trouver un triathlon au format L qui me permette de vivre une belle et longue course. Ce besoin d’entrer en introspection, de vivre un voyage interne à travers le sport est très important pour moi. Que ce soit en trail ou en vélo, la découverte et l’aventure priment. J’aime les efforts allant jusqu’à 10 h et ce Ventoux Man me semblait parfait en terme de durée de course. J’apprécie le fait de devoir « gérer sa course » et de ne pas se mettre trop dans le rouge. Je connais la réaction de mon corps à ce type d’effort d’endurance longue et je sais que j’ai la capacité à maintenir un effort régulier dans le temps.

Une affection particulière pour le Ventoux et le dénivelé

En plus de mon désamour pour les formats courts, je n’apprécie pas les profils de course plat, sans dénivelé. J’aime la montagne, la pente, grimper des cols et courir sur des sentiers techniques. Le Ventoux Man mélangeait tout cela. Avec comme cadre grandiose le Géant de Provence et son ascension à vélo par Bédoin ainsi qu’un parcours typé trail autour du Mont Serein, cette course rassemblait tout ce que j’aimais : du dénivelé et des grands espaces. Le terrain de jeu du Ventoux que j’apprécie était parfait pour mon tout premier triathlon !

Ma préparation au Ventoux Man 2020

J’ai abordé cette course assez sereinement malgré une préparation écourtée et irrégulière dû notamment à la période de confinement vécue.

Inscription en club de natation depuis septembre 2019

Conscient que la natation était (est toujours) mon point faible, le sport à travailler dans lequel je partais de très bas, je me suis inscrit au club de natation de Bollène pour acquérir les conseils d’un coach et disposer d’entrainements de qualité. La natation est un sport ingrat où l’acquisition d’une bonne technique est indispensable à la progression. On peut être fort physiquement et disposer d’une très bonne endurance… sans une bonne gestuelle, nous ne sommes rien dans l’eau. Comme tout sport d’endurance, il faut s’entrainer régulièrement et travailler spécifiquement pour voir les progrès arriver. Patience et rigueur sont donc de mises pour prendre du plaisir en nageant. Après quelques mois en club, mon crawl n’est toujours pas parfait mais, bien que stressé par cette discipline, je me sentais confiant pour gérer ma nage et sortir de l’eau en bon état, assez frais.

Profitant du lac d’Aiguebelette en Savoie d’où je suis originaire, j’ai pu m’entrainer à plusieurs reprises dans ce magnifique cadre pour préparer le Ventoux Man.

Travailler l’orientation en eau vive est primordial pour aborder sereinement la natation en triathlon.

J’ai eu du mal à me diriger lors des premières séances puis j’ai appris à lever la tête plus souvent pour me permettre d’aller dans la direction la plus droite possible.

Le confinement passant par-là, j’ai passé de longs mois sans pouvoir nager. Ma progression a donc été stoppée nette à 2 min / 100 m (en piscine). Un chrono très moyen mais je suis conscient qu’il me faudra plus de deux entrainements par semaine pour descendre en dessous de ce temps. Le focus doit maintenant être mis sur la technique. J’abordais donc ce Ventoux Man avec une technique de nage loin d’être optimale et un chrono sur 100 m très moyen. Peu importe, j’étais capable de tenir 3000 m en lac en entrainement sans trop me fatiguer, la distance des 2000 m ne me faisait donc pas peur.

Participations au 46 km du Trail du Ventoux / Fêlés du Grand Colombier / GF Mont Ventoux 135 km

Ma saison sportive 2020 a, pour le moment, été chanceuse puisque toutes mes courses ont été maintenues malgré le contexte sanitaire pesant et les multiples annulations. Je participais donc en mars au 46 km du Trail du Ventoux, événement que j’affectionne beaucoup et déjà couru en 2018. Le 18 juillet je relevais le défi des « fêlés du Grand Colombier » dans l’Ain. Ce challenge de 125 km et 4850 m de dénivelé positif visant à grimper 4 fois de suite ce col hors catégorie par ses 4 côtés avait été une aventure exceptionnelle. Enfin, à deux semaines du Ventoux Man, le 6 septembre, je participais avec les copains savoyards au GF Mont Ventoux 135 km. Bien que déjà couru en 2019, le cadre extraordinaire autour du Géant de Provence nous avait convaincu à revenir en 2020.

Mis bout à bout, les participations à ces courses et les préparations physiques induites m’ont permis de me sentir prêt à affronter le Ventoux Man.

récit gf mont ventoux 2020

Veille de course : récupération du dossard et dépôt des sacs

Epingler un dossard en trail est extrêmement simple et requiert peu de logistique. En triathlon c’est tout l’inverse. Il faut déposer son vélo et confier à l’organisation son sac de transition T2 (vélo/course à pied) la veille puis amener le sac T1 (natation/vélo) le jour J avec ses affaires de natation et de vélo. Rien d’exceptionnel en soit mais, si tu as déjà couru un triathlon, tu sais l’importance de la préparation et de l’organisation en amont. Le stress d’oublier quelque chose et de s’en trouver dépourvu lors de la course force à la concentration. J’ai donc été méthodique, méticuleux et préparé une check-list pour ne rien oublier.

La veille de course, on ne retire pas que son dossard… l’organisation donne également des stickers à coller sur le casque de vélo et sur les sacs de transition. On nous écrit également au marqueur sur le bras et la jambe notre numéro de dossard.

ventoux man 2020 récit
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Les sacs de transition fournis n’étant pas étanches, j’avais pris soin de tout emballer dans un sac plastique pour garantir la mise au sec de mes affaires le lendemain dans le parc à vélo. Les trombes d’eau du Jour J m’ont bien donné raison.

Ce retrait des dossards et le dépôt des sacs s’est fait dans le calme puisque, contexte COVID oblige, nous étions obligés de réserver des plages horaires pour venir sur le site de la course la veille. Cela a permis d’éviter un « trop de monde » d’un coup. Je repartais donc du plan d’eau de Lapalud soulagé d’avoir déposé mon vélo et mon sac T2. J’en profitais également pour jeter un coup d’œil au parcours de natation et à la zone de sortie de l’eau pour être un peu plus familier le lendemain.

ventoux man 2020 récit
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Dimanche 20 septembre 2020, Jour J : Les mauvaises conditions contraignent l’organisation du Ventoux Man à annuler la natation.

Le départ de la natation étant initialement prévu à 7 h 30, j’arrive au plan d’eau des Girardes de Lapalud à 6 h 50 sous une pluie battante. Des trombes d’eau s’abattent sur la vallée du Rhône et je suis déjà trempé avant même de retrouver mon vélo. Et là, en novice que je suis, je m’aperçois des joies d’enfiler une combinaison néoprène en étant mouillé. 10 min de galère plus tard et avec l’aide de mon voisin je finis par entrer dedans. Il pleut, encore et encore et les éclairs sont omniprésents dans un ciel qui ne se découvre pas. Les premières rumeurs d’annulation de l’épreuve ne tardent pas… bien que l’organisation se veuille rassurante au micro.

Ne voyant aucune accalmie en vue et les orages s’intensifiant, l’organisation prend la (sage) décision d’annuler la natation. Tous déçus, les participants autour de moi ont néanmoins des réactions bien différentes. Certains ne prendront pas le départ, estimant que les conditions dantesques sont trop dangereuses, ne souhaitent pas participer à un « faux » Ventoux Man. D’autres, comme moi, bien que frigorifiés, conservent la volonté intacte d’en découdre.

 Personnellement, j’ai été fortement déçu de cette annulation de la natation. En tant que débutant, c’est forcément la discipline qui me stressait le plus mais j’avais signé pour ça et je m’y étais préparé. J’avais donc à cœur de nager au milieu des autres triathlètes et de prendre part à la « bagarre » dans l’eau. Mais à aucun moment cette mauvaise nouvelle n’a remis en doute ma participation au Ventoux Man. Je m’étais préparé, levé tôt, couru, roulé, nagé des heures et des heures durant, dans toutes les conditions… ce n’était pas pour rentrer chez moi trempé sans même avoir pu monter sur le vélo.

Non. Qu’il pleuve, vente, neige, j’étais plus motivé que jamais à franchir la ligne d’arrivée et à devenir finisher de ce Ventoux Man raccourci. Et peut importe s’il fallait rouler sous des trombes d’eau et courir dans la boue. Rien ne pouvait me dissuader à courir cette course. Convaincu que l’aventure allait être encore plus belle et épique.

En plus de l’annulation de la natation, l’organisation nous faisait part qu’il était impossible de monter au sommet du Ventoux à vélo et que le parcours allait ainsi être raccourci. Nous allions donc grimper le Géant de Provence par Malaucène et nous arrêter directement au Mont Serein. Connaissant très bien le Ventoux, cette décision me semblait une nouvelle fois extrêmement sage au vu de la dangerosité des conditions météo. Le sommet de cette montagne pouvait réserver de bien mauvaises surprises et l’éviter était raisonnable et normal. Certains ne le comprenaient pas… probablement des sportifs qui ne connaissent pas les particularités du Ventoux…

🏊‍♂️ Dire que je suis serein avant ce @ventouxman serait mentir... En vrai ça fout la trouille de se lancer sur un half...

Publiée par Adventures in Provence sur Samedi 19 septembre 2020

Un parcours vélo raccourci : ascension du Ventoux par Malaucène

Je débutais donc ce Ventoux Man à 9 h du matin en ayant attendu depuis 6 h 50 debout sous des trombes d’eau dans le parc à vélo.
Au programme de ce parcours vélo : 77 km et 1600 m de dénivelé

Frigorifié et trempé, il m’aura fallu 1 h avant de sentir le bout de mes pieds de nouveau. Attendre autant de temps dans le froid, pieds nus dans l’eau n’est pas vraiment idéal pour débuter mon premier triathlon… mais il me fallait composer avec. Le parcours vélo était caractérisé par 50 km très plat et roulant jusqu’à Beaume de Venise puis venait ensuite les reliefs dans les Dentelles de Montmirail avant une descente menant au pied du Ventoux. N’étant pas vraiment rapide sur le plat et disposant d’un vélo « classique », je me faisais logiquement doubler durant les 50 premiers km avant de revenir sur des participants au moment de grimper. La pluie ne s’arrêtait pas et redoublait même d’intensité au moment de descendre jusqu’à Malaucène.

La route n’étant pas coupée à la circulation, il fallait faire extrêmement attention au niveau des intersections et des ronds-points. Je tiens tout de même à souligner l’excellente signalisation du parcours avec des aiguilleurs et des gendarmes placés à chaque endroit « chaud » et ouvrant la route lorsque les feux indiquaient « rouge ».

Les arbitres de course sur leur moto étaient également très présents tout au long du parcours pour surveiller l’assistance hors zone et le possible drafting de certains concurrents.

J’ai tenu un 31 km/h sur toute la portion de plat (ce qui n’est pas fou…). Cette gestion de l’effort m’a permis de ne pas me cramer et de vivre l’ascension du Ventoux jusqu’au Mont Serein très sereinement. Je me suis également bien ravitaillé en profitant notamment de l’assistance de ma chérie sur la zone de ravitaillement personnel autorisée (un très grand merci à elle !). J’avais comme stratégie de bien manger sur le vélo pour ne pas avoir à manger en courant. Stratégie payante. En grimpant la face nord du Géant de Provence, je suis surpris des personnes posant pied à terre, probablement cramé par une allure trop forte sur la première partie du parcours. Le Ventoux ne pardonne rien et les forts pourcentages rappellent le moindre surrégime à l’ordre.

Transition vélo / course à pied : Comment enfiler des baskets lorsque l’on ne sent plus ses doigts ?

J’arrive au parc à vélo du Mont Serein complètement frigorifié et ne sentant plus vraiment mes extrémités. Je dépose mon vélo et ouvre mon sac. J’essaye de me réchauffer. Je mets quelques longues minutes à tenter tant bien que mal de retirer mes chaussettes trempées pour en mettre des nouvelles sèches. 8 mn de transition ! 8 mn à batailler avec mes chaussettes, mes lacets et mes doigts engourdis. Lorsque je sors du parc à vélo, mes jambes ne sont que des bouts de bois. Il me faudra quasiment 10 mn avant de dérouler une foulée naturelle et de retrouver un peu de chaleur. Je suis néanmoins content de repartir « à neuf » avec des chaussettes et baskets sèches.

Parcours trail au Mont Serein : boue et cailloux à volonté

Au programme de ce parcours trail : 15 km et 300 m de dénivelé

J’avais reconnu le parcours trail cet été. La portion de forêt est piégeuse avec de nombreux cailloux et un profil en montagne russe. Le sous-bois était sec durant ma reconnaissance et j’avais déjà trouvé le parcours assez technique. La boue formée par le passage des autres coureurs et par les conditions dantesques du jour rendait le trail encore plus technique. Chaque foulée effectuée dans cette forêt du Mont Serein était une lutte contre une éventuelle chute. La fatigue s’installait donc plus rapidement et je restais le plus concentré possible sur mes poses de pied et mes trajectoires pour éviter de gaspiller de l’énergie.

J’étais dans mon élément. J’adore le trail et les terrains techniques. Je remontais les autres coureurs les uns après les autres. Beaucoup marchaient dans les montées pendant que je courais avec facilité. Je me sentais bien, j’étais dans mon effort et j’en avais sous le pied. J’ai pu alors profiter à fond et prendre énormément de plaisir durant cette course à pied raccourci à 3 tours au lieu de 4. Sans surrégime et en restant dans ma « zone », je n’ai pas vu passer le temps. J’ai donc savouré pleinement l’ambiance et je me suis même surpris à être frustré de devoir déjà en terminer avec cet exigeant parcours trail.

Finisher du Ventoux Man 2020

Me voilà finisher du Ventoux Man 2020. Un triathlon qui n’en n’était pas un au final mais que je suis satisfait de boucler au vu des conditions dantesques vécues durant la course. La ligne d’arrivée ne nous a pas été donnée et les abandons ont été nombreux. Je repense à cette attente sous la pluie durant 2 h et ce parcours vélo sous des trombes d’eau… cette édition 2020 a été bien particulière et épique mais l’aventure valait le coup d’être vécue ! Qui sait… rendez-vous peut être en 2021 pour boucler le Ventoux Man en entier !!

Mon résultat : 293 ème / 513 finishers
Temps de course total : 5h11
Temps vélo : 3h38 (354 ème / 513)
Temps course à pied : 1h25 (176 ème / 513)
Temps transition T2 : 7’27 (475 ème / 513)

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4 Commentaires

  1. Gillard Louis

    Bonjour ,

    Félicitations

    Louis

    Réponse
    • Benjamin

      Bonjour Louis,

      Merci à vous !

      Benjamin

      Réponse
  2. MYRIAM JACOBS

    bonjour !
    je viens de lire ton message et j’ai revécu intégralement mon triathlon: même déception pour la nat, mêmes sentations, même motivation et enfin même joie de franchir la ligne d’arrivée. Tu décris parfaitement les éléments, les conditions climatiques de ouf, les difficultés et le mental qu’il faut pour prendre le départ et finir.
    BRAVO à toi
    et qui sait, peut-être à septembre 2021 pour le faire en entier sous le soleil
    Sportivement !
    Myriam (arrivée 1ère master F3 😉

    Réponse
    • Benjamin

      Bonjour Myriam et merci pour ton message !
      Les conditions étaient vraiment pas simples… un grand bravo pour ta première place !
      En espérant te croiser en septembre 2021 !
      Benjamin

      Réponse

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